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Taxe rose
La taxe rose, en anglais pink tax ou woman tax, est une expression qui désigne une différence de prix entre les produits et services étiquetés pour femme et ceux étiquetés pour homme, au détriment des consommatrices. Le nom provient du fait que le produit pour femme est souvent présenté dans un emballage de couleur rose, cette couleur pouvant représenter la seule différence avec le produit pour homme.
La campagne de revendication autour de la taxe tampon, très proche, pose la question de savoir si les tampons et serviettes hygiéniques doivent être considérés comme des produits de première nécessité, dans la mesure où ils sont indispensables à l'hygiène féminine, et donc bénéficier de taux réduits pour l’application des taxes sur la consommation.
Histoire
La notion de « taxe rose » est apparue dans les années 1990 en Californie, sous le nom de woman tax. En 1996, l'État légifère pour interdire cette pratique. En 2012, une enquête du magazine Forbes permet de conclure qu'être une femme aux États-Unis coûte en moyenne 1 400 dollars de plus par an par rapport à un homme, à cause de la politique de prix basée sur le marketing genré. En 2013, un coiffeur danois est condamné pour discrimination en raison de la différence de prix qu'il applique en fonction du sexe, même si la longueur de cheveux est la même. En France, le collectif Georgette Sand interpelle Bercy sur ces différences de prix à la fin de l'année 2014, en mettant en cause (entre autres) la marque Monoprix.
Notion de « taxe tampon »
En 2014, le Canada supprime les taxes sur les produits d'hygiène intime féminine. Le débat gagne la plupart des pays anglo-saxons.
Fin 2015, cette polémique autour de la « taxe tampon » éclate en France. Le collectif Georgette Sand propose de baisser la TVA applicable aux protections périodiques pour femmes, tampons et serviettes hygiéniques, de 20 % à 5,5 %, en les considérant comme des produits de première nécessité. Pour le collectif féministe, les protections périodiques sont le produit de consommation courant qui crée la plus importante inégalité homme-femme, en raison de leur prix. Si la demande est soutenue par la députée Catherine Coutelle, le député Christian Eckert s'oppose à la baisse de la TVA, faisant valoir que les mousses à raser sont taxées à 20 %, et que les lunettes ne sont pas considérées comme un produit de première nécessité. Une pétition rassemble plus de 26 000 signatures, la loi est rejetée en première lecture par l'Assemblée. La loi a finalement été adoptée en France en , en seconde lecture auprès du parlement.
Produits et services concernés
De nombreux produits (rasoirs, déodorants, dentifrices et même stylos…) et services sont concernés par ces différences de prix en fonction du sexe. Les coiffeurs et les pressings, par exemple, proposent généralement des tarifs plus élevés aux femmes, même pour des cheveux courts ou des vêtements semblables à ceux des hommes. Ces différences de prix peuvent atteindre les 100 %.
Avis des experts en marketing
Interrogés sur cette pratique, les experts en marketing expliquent que le but est de donner aux femmes le sentiment d'être des clientes à part, et que la segmentation des marchés représente une pratique normale. En 2015, une agence de data-journalisme remet en cause la notion même de « taxe rose », estimant qu'il existe aussi des produits spécifiques aux hommes plus chers que les produits pour femmes. L'enseigne Monoprix, mise en cause pour ses produits, a affirmé que les coûts de production des produits féminins sont plus élevés que ceux des produits masculins. Ce qui parait assez fallacieux dans le cas de rasoirs, crèmes corporelles ou déodorants par exemple, peut effectivement se comprendre pour d'autres produits plus techniques. Le fait que certaines femmes continuent d'acheter ces produits sans réelle plus value pour elles mais à un prix plus cher incite clairement ces mêmes services marketing à poursuivre leur politique. C'est donc effectivement peut être pour elles le prix à payer pour le sentiment d'être des clientes à part (pyramide de besoins) et devrait être pris en compte comme tel dans la reflexion.
Rapport de la DGCCRF de 2015
En France, à la suite de la campagne de sensibilisation lancée par le Collectif Georgette Sand, le gouvernement est invité à se pencher sur le sujet. Le collectif est reçu fin 2014 par la secrétaire d’État aux Droits des femmes, Pascale Boistard. En conclusion des efforts de l'association, une enquête est finalement commandée à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et la Répression des Fraudes (DGCCRF), et un rapport publié le .
Le rapport conclut négativement quant à l'existence d'un surcoût concernant les produits marketés comme féminins, quand comparés aux équivalents masculins.
« Il apparaît que des différences de prix existent tour à tour soit sur les produits destinés aux femmes, soit sur les produits destinés aux hommes. Il est impossible d’en déduire une règle générale de surcoût aux dépens d’un des sexes »
— Rapport de la DGCCRF, cité par Libération
Présentant le résultat de cette enquête au Parlement, Pascale Boistard, considère que le phénomène existe bel et bien, quoique plus complexe et moins systématique que présenté initialement.