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Nécropolitique

Nécropolitique

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Nécropolitique[Quoi ?] est un néologisme créé par le théoricien du post-colonialisme, politologue et historien camerounais Achille Mbembe. Il fait l’hypothèse que l’expression ultime de la souveraineté réside dans le pouvoir social et politique de décider qui pourra vivre et qui doit mourir.

Le concept analyse[pas clair] la notion du biopouvoir de Michel Foucault, conçue pour expliquer la domination du corps et de la vie. C’est une notion insuffisante en tant qu’elle ne rend pas compte des formes contemporaines de soumission de la vie au pouvoir de la mort. La nécropolitique montre que le pouvoir a aussi une dimension de contrôle sur la possibilité même de la vie.

Origine du concept

Le concept apparaît pour la première fois dans l’article du même nom publié en 2003 dans la revue américaine Public Culture. En français, il a été traduit par Émilie Cousin, Sandrine Lefranc et Eleni Varikas et publié en 2006 dans la revue académique Raison politiques.

Dans une communication lors de la conférence « Esthétique et violence, nécropolitique, militarisation et vies pleurées » au Mexique en 2011, Achille Mbembe dit que l’article fut immédiatement après le 11 septembre 2001 « alors que les États-Unis et leurs alliés avaient déclenché la guerre contre le terrorisme, qui allait donner lieu à de nouvelles formes d'occupation militaire de terres lointaines et essentiellement non occidentales ».

La nécropolitique selon Achille Mbembe

Le concept de nécropolitique est présenté comme une notion multidimensionnelle pour rendre compte des différentes formes contemporaines de soumission de la vie au pouvoir de la mort, ce qu'Achille Mbembe appelle « politique de la mort », et qui reconfigurent les relations entre résistance, sacrifice et terreur.

Le concept comprend le droit d’imposer la mort sociale ou civile, le droit d’asservir les autres, et plusieurs formes de violence politique anciennes et contemporaines. Pour expliquer cette notion, l’auteur repense la question de la souveraineté et la définit comme le pouvoir d’exercer le contrôle sur la mortalité, et non par rapport aux frontières des États-nations ou bien des institutions supranationales.

Le contexte historique du concept est large. Achille Mbembe aborde plusieurs formes de violence pour expliquer comment le concept de nécropolitique nous permet de mieux comprendre les mécanismes du biopouvoir mis en place dans les États modernes. En utilisant les exemples de l’esclavage, de l’apartheid et de la colonisation, il montre comment les États ont été construits dans une rationalité qui impose la mort et qui peut tuer les autres sur le principe de souveraineté.

D’une certaine façon, « les autres », comme catégorie politique, deviennent une figure rhétorique de l’ennemi, et la mort est justifiée, du fait que le but de la souveraineté a comme obstacle la prise en compte de la pluralité humaine. C’est dans ce contexte, par exemple, que dans la colonisation sont justifiées « la sélection des races, l’interdiction des mariages mixtes, la stérilisation forcée, et l’extermination des peuples vaincus ».

D’autre part, le cas de la Palestine et la figure du kamikaze permettent d’observer comment, dans le monde contemporain, différentes formes de nécropolitique (étatiste, raciale, état d’exception, martyre) réduisent les personnes à des conditions précaires dans leur propre vie. Pour Achille Mbembe, le cas palestinien illustre « l’occupation coloniale de la modernité tardive » et un enchaînement de pouvoirs multiples : disciplinaire, biopolitique et nécropolitique.

Par ailleurs, de la même manière que pour le concept de biopolitique, il y a certains « dispositifs » de pouvoir en lien avec le concept de nécropolitique, que Mbembe appelle « machines de guerre ».  

Palestinian refugees, 1948
Si le pouvoir dépend toujours d’un contrôle serré sur les corps (ou sur leur concentration dans des camps), les nouvelles technologies de destruction sont moins concernées par le fait d’inscrire les corps à l’intérieur des appareils disciplinaires, que de les inscrire, le moment venu, dans l’ordre de l’économie maximale, aujourd’hui représentée par le « massacre ».

Tous les cas qui sont proposés en relation au concept de nécropolitique montrent, finalement, que la souveraineté définie par l’identité nationale ou bien religieuse (dans le cas du kamikaze), est déterminée par le gouvernement d’une population par l’application de certains dispositifs de mort, c’est-à-dire par la nécropolitique.

Utilité du concept

Le concept du nécropolitique a été introduit dans le monde académique particulièrement dans certains écrits sociologiques ou philosophiques dont la thématique est la politique ou les études postcoloniales.    

Certains auteurs utilisent le concept pour analyser la démocratie, le terrorisme et l’économie, ou bien l’ascension de l’extrême droite en Europe avec l’idée que « la solution aux problèmes sociaux et économiques viendra de l’application de techniques d’exclusion et de mort contre une partie de la population ».

En outre, le concept a été utilisé dans la série américaine « Queen Sugar » d’Oprah Winfrey et Ava DuVernay dans l’épisode 3 de la saison 2 où il y a un débat sur les questions politiques concernant le racisme, et la politique d’incarcération massive des hommes noirs aux États-Unis.

Voir aussi

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