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Libido (psychanalyse)
En psychanalyse, la libido (du latin : libido) correspond à l'énergie de la pulsion sexuelle.
Histoire de la notion
La pulsion sexuelle définie comme un concept à la limite somato-psychique, la libido en désigne l’aspect énergétique ; elle est « la manifestation dynamique dans la vie psychique de la pulsion sexuelle »
Freud a théorisé la libido, dans la première théorie des pulsions, en tant qu'énergie psychique employée dans une dialectique entre les pulsions sexuelles et les pulsions d'autoconservation, puis entre les pulsions sexuelles et les « pulsions du Moi ». Il a introduit une nouvelle dualité pulsionnelle issue de la seconde topique (1920), entre pulsion de vie (Éros) et pulsion de mort (Thanatos).
Sigmund Freud définit la libido comme « l'énergie, considérée comme un ordre de grandeur quantitative […] de ces instincts qui ont à voir avec tout ce qui peut être compris sous le mot « amour ». C'est l'énergie, ou la force de l'instinct, contenue dans ce que Freud appelait le ça, la structure strictement inconsciente de la psyché. En 1895, dans un article publié directement en français, Freud, afin de différencier les obsessions et les phobies, décrit d'un côté l'excitation sexuelle somatique, et de l'autre, la libido psychique transformée, voire substituée, par des obsessions pénibles ou des phobies : « des femmes pas du tout satisfaites dans leur mariage, se débattaient contre les désirs et des idées voluptueuses qui les hantaient à la vue d'autres hommes ». Dans ce contexte, les phobies et la névrose anxieuse sont d'origine sexuelle, sont la manifestation psychique d'une accumulation de la tension "génésique" fruste, de l'excitation sexuelle frustrée.
Développement de l'enfance à l'âge adulte
Freud développa l'idée d'une série de phases développementales dans lesquelles la libido se fixe sur différentes zones érogènes - d'abord au stade oral (illustré par le plaisir du nourrisson lors de l'allaitement), puis au stade anal (illustré par le plaisir du tout-petit à contrôler ses sphincters), puis au stade phallique, à travers un stade de latence dans lequel la libido est en sommeil, jusqu'à sa réapparition à la puberté au stade génital. Karl Abraham ajoutera plus tard des subdivisions dans les deux stades oraux et anaux. Dans son article encyclopédique « Théorie de la Libido » (Libidotheorie), publié en 1923 dans Handwörterbuch der Sexualwissenschaften, Freud présente la libido en tant que manifestation dynamique dans la vie psychique de la pulsion sexuelle.
Lien avec la psychopathologie
Freud a souligné que ces pulsions libidinales peuvent entrer en conflit avec les conventions du comportement civilisé, représentées dans le psychisme par le surmoi. C'est ce besoin de se conformer à la société et de contrôler la libido qui conduit à la tension et à la perturbation chez l'individu, incitant les défenses du moi à dissiper l'énergie psychique de ces pulsions non satisfaites et principalement inconscientes vers d'autres formes. L'utilisation excessive des défenses du moi entraîne la névrose. Un objectif principal de la psychanalyse est de ramener les pulsions du ça à la conscience, en leur permettant d'être rencontrées directement et de réduire ainsi la dépendance du patient à l'égard des défenses du moi.
Freud considérait la libido comme traversant une série d'étapes de développement au sein de l'individu. L'incapacité à s'adapter adéquatement aux exigences de ces différentes étapes pourrait entraîner l'accumulation de l'énergie libidinale dans ces stades, produisant certains traits de caractère pathologiques à l'âge adulte. Pour Freud, le but de la psychanalyse était d'amener ces fixations à la conscience et leur donner du sens pour les résoudre. « Tout ce qui est névrotique est un équivalent d'angoisse, car tous les symptômes viennent de la libido et la libido peut se transformer en angoisse ».
Voir aussi
Bibliographie
Textes de référence
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Sigmund Freud :
- Lettres à Wilhelm Fliess 1887-1904, Trad. Françoise Kahn et François Robert, Paris PUF, 2006 ( (ISBN 2130549950))
- Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Gallimard, coll. « Folio », 1989 ( (ISBN 2070325393))
- Pour introduire le narcissisme (1914), trad. Jean Laplanche, dans Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse (OCF.P), t. XII 1913-1914, Paris, Puf, 2005, (ISBN 2 13 0525 17 2), p. 213-245
- Psychologie des masses et analyse du moi (1921), trad. par J. Altounian, A. Bourguignon, P. Cotet, dans Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse, t. XVI, Paris, PUF, (ISBN 2 13 043472 X) p. 1-83.
- « Psychanalyse » et « Théorie de la libido » (1922), trad. J. Altounian, A. Bourguignon, P. Cotet, A. Rauzy, dans Résultats, idées, problèmes, II, Paris, Presses universitaires de France, 1985 p. 72-77 et dans OCF.P, t. XVI, Paris, PUF, 1991, (ISBN 2 13 043472 X) p. 181-208.
Études
- Paul-Laurent Assoun, « La théorie de la libido ou la fondation métapsychologique », dans Paul-Laurent Assoun, La métapsychologie, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », (lire en ligne), p. 57-63.
- Collectif (Karl Abraham, Michael Balint, Janine Chasseguet-Smirgel, René Diatkine, William R D Fairbairn, Sandor Ferenczi, Sigmund Freud, Bela Grunberger, Ernest Jones, Melanie Klein, Wilhelm Reich, Simon, Stärcke, Van Ophuijsen, Donald Winnicott), Les Stades de la libido : de l'enfant à l’adulte, éd. Sand & Tchou, 1997. (ISBN 2-7107-0589-3).
- Jean Laplanche - Jean-Bertrand Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, entrées: « Libido »; « Organisation de la libido »; « Libido du moi — Libido d'objet »; « Pulsion sexuelle », Paris, 1967, éd. 2004 PUF-Quadrige, (ISBN 2130546943)
- Dictionnaire international de la psychanalyse (dir. Alain de Mijolla), 2 vol. (1.A/L et 2. M/Z), entrées: « libido » (Article d'A. de Mijolla); « libido du Moi (narcissique) / libido objectale » (Article d'A. de Mijolla); « Pulsion sexuelle » (Article de Michèle Porte), Paris, Hachette-Littérature, 2005 (ISBN 9782012791459)
- Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, « Libido », dans Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, coll. « Le livre de poche », (ISBN 978-2-253-08854-7), p. 922-929.