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Action collective (sociologie)
Une action collective est, en sociologie, un type d'action, collective, résultant d'une coordination non concertée par les agents des buts ou des formes de leurs actions individuelles. Les agents n’ont pas d’engagements les uns à l’égard des autres.
Concept
La sociologie distingue deux types d'actions collectives :
- Lorsque la coordination est simplement induite par les circonstances, l’action collective est dite plurielle : les fins et moyens s’imposent ou sont suggérés. C'est le cas du « sauve qui peut » et des phénomènes de foule.
- Lorsque la coordination est prédéterminée par un dispositif social, les actions sont dites complémentaires. Celles-ci peuvent être simultanées, telles celles du conducteur d’autobus et de son passager, ou différée, telle l’action de lire un livre écrit par un autre en une autre époque.
On remarque ainsi deux sens au concept :
- au sens large, l'action collective est une action coordonnée de plusieurs individus, comme faire ses courses au supermarché, ou bien se promener.
- au sens strict, elle est définie comme une action volontaire coordonnant la participation de plusieurs individus dans le but de faire triompher un intérêt ou une cause. Par exemple participer à une manifestation, faire une grève. Ce type d'action collective est étudié par une branche spécifique de la sociologie, la sociologie politique.
Dans son ouvrage La Mise en scène de la vie quotidienne, Erwing Goffman montre que les participants ou intervenantes d'une action collective mettent en place des stratégies pour faire croire que leur engagement est vrai, ou au moins pertinent et adéquat. Pour y parvenir, ils mettent en oeuvre des relations de complicité, par exemple. Cependant, les membres d'une action collective peuvent, individuellement, ne pas être totalement convaincus par leur projet. Ils se permettront alors des écarts par rapport au comportement standard, écarts qui seront vite réalignés sur ce dernier. Par exemple, en faisant une plaisanterie, un silence significatif, des sous-entendus révélateurs, etc. Dans les conventions sociales, l'auteur de ces écarts peut nier avoir voulu dire quelque chose de spécial, et qui les entend a le droit de faire semblant de n'avoir rien entendu. Ces politesses verbales, prises de liberté par rapport aux buts de l'action collective, qui veulent dire le contraire de ce qu'elles prétendent affirmer, ne sont pas toujours faciles à interpréter. Peut-être, par une plus grande provocation, leur auteur cherche à obtenir un avantage, et montrer ses interlocuteurs sous un jour défavorable.
Ces écarts mesurés dans le comportement public standard permettent de prendre un peu de liberté, mais ils permettent aussi d'explorer si un autre mode de relation est possible. Un groupe peut, de cette manière, inviter l'autre groupe à être plus familier, ou au contraire plus distant, et donner les moyens à leur relation de se transformer et d'être plus efficace. Par exemple, les Thugs, une confrérie d'assassins professionnels active en Inde du 13e au 19e siècle, s'était donnée un code secret, que ses membres pouvaient énoncer publiquement en toute occasion, qui leur permettait de passer d'une relation distante et convenue à une relation complice. Il existe des codes similaires chez les ouvriers et les francs-maçons. Chez les individus en dehors de sociétés secrètes il existe des processus similaires, mais plus complexes. La reconnaissance se fait par talonnements, donnant un tour ambigu à chaque intervention, et en progressant si le partenaire fait une réponse rassurante. Il s'agit d'un processus prudent et progressif, pratiqué par exemple pour engager une relation d'ordre sexuel.
Bibliographie
- Mancur Olson, Logique de l'action collective,
- Jean-Daniel Reynaud, La règle du jeu
- Christian Thuderoz
- Michel Crozier & Erhard Friedberg, L'acteur et le système