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Toutânkhamon
Toutânkhamon | |
Masque funéraire en or de Toutânkhamon (Musée égyptien du Caire). | |
Naissance | v. 1345 avant notre ère possiblement à Akhetaton |
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Décès | v. 1327 avant notre ère (à environ 18 ans) |
Période | Nouvel Empire |
Dynastie | XVIIIe dynastie |
Fonction | Pharaon d'Égypte |
Prédécesseur | Ânkh-Khéperourê et Smenkhkarê |
Dates de fonction | v. 1335 à 1327 avant notre ère |
Successeur | Aÿ |
Famille | |
Grand-père paternel | Amenhotep III |
Grand-mère paternelle | Tiyi |
Grand-père maternel | Amenhotep III |
Grand-mère maternelle | Tiyi |
Père | Akhenaton |
Mère | Younger Lady (momie KV35YL) |
Conjoint | Ânkhésenamon |
Enfant(s) | 2 fœtus de sexe féminin |
Fratrie | ♂ Smenkhkarê (incertain) ♀ Mérytaton ♀ Mâkhétaton ♀ Ânkhésenamon ♀ Néfernéferouaton Tasherit ♀ Néfernéferourê ♀ Sétepenrê |
Sépulture | |
Type | Hypogée |
Emplacement | Vallée des Rois, tombe KV 62 |
Date de découverte | 1922 |
Découvreur | Howard Carter financé par Lord Carnarvon. |
Fouilles | Howard Carter |
Objets | des milliers d'objets, y compris du mobilier. |
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Toutânkhamon (né vers -1345, mort vers -1327) est le onzième pharaon de la XVIIIe dynastie (Nouvel Empire). Selon les dernières études génétiques, il est le fils d'Akhenaton et de la propre sœur de ce dernier, dont l'identité est inconnue, mais désignée comme Younger Lady, dont la momie est répertoriée KV35YL. Manéthon l'appelle Chebres.
On ne sait pas pourquoi ce n'est pas lui qui succède directement à son père. Peut-être est-ce à cause de son trop jeune âge à l'époque, environ neuf ans (on trouve aussi cinq ou six ans), dans une période de troubles, de remise en question des religions, de bouleversement des valeurs traditionnelles et de risque de guerre avec les Hittites. Il règne jusqu'à l'âge de dix-huit ou dix-neuf ans (certains spécialistes, comme Marc Gabolde et Edward Frank Wente, disent vingt ans). Son règne est situé entre les années -1336 / -1335 et -1327.
De son temps, Toutânkhamon n'était pas considéré comme un grand pharaon, en raison de son court règne. Il doit sa célébrité à la découverte de sa sépulture par l'archéologue britannique Howard Carter le et au fabuleux trésor qu'elle recèle. La notoriété de la découverte augmenta grâce à une légende reprise par la presse de l'époque et faisant état d'une malédiction du pharaon.
Généalogie
Famille
Toutânkhamon naît en l'an XII du règne d'Akhenaton à Thèbes ou à Akhetaton, où il grandit dans le cercle de la famille royale. Son nom de naissance, Toutânkhaton, signifie « Image vivante d'Aton », c'est-à-dire la réincarnation terrestre du dieu.
Selon une enquête sur l'ADN des momies royales menée en 2010 par le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, les deux parents de Toutânkhamon sont frère et sœur. Ils sont les enfants du pharaon Amenhotep III et de la reine Tiyi. Le père de Toutânkhamon est identifié comme étant la momie trouvée dans la tombe KV55, dont certains égyptologues, dont Zahi Hawass, pensent qu'il s'agit d'Akhenaton. La momie de sa mère a été trouvée dans la tombe KV35, elle a été surnommée la Younger Lady (« la Dame plus jeune »). Elle n'est pas formellement identifiée. Les seules sœurs connues d'Akhenaton sont Satamon, Iset, Henouttaneb et Nebetâh. Les trois premières ayant épousé leur père, Amenhotep III, Nebetâh serait peut-être la Younger Lady, et donc la mère de Toutânkhamon.
Selon Marc Gabolde, vu le resserrement du patrimoine génétique de la famille royale par la pratique de mariages consanguins, il est fort possible que la momie Younger Lady soit celle de Néfertiti, cousine germaine d'Akhenaton par ascendance paternelle et maternelle.
Après sa naissance, il est éduqué par la « nourrice royale » Maïa (ou Maya), « celle qui a nourri le corps de dieu », dont la tombe a été trouvée par Alain-Pierre Zivie à Saqqarah. Son éducation se poursuit sous l'autorité d'un précepteur, le « père divin » Sennedjem, dont la tombe a été trouvée à Akhmîm, en Haute-Égypte, par une mission australienne sous la direction de Boyo Ockinga.
Toutânkhamon a emporté dans sa tombe ses fournitures de petit écolier : une palette de scribe en ivoire à son nom, dans laquelle subsistent des pains d'encre rouge et noir-bleu ainsi que sept calames permettant d'écrire ; un étui à calames en bois plaqué d'or et incrusté de cornaline, d'obsidienne et de pâtes de verre colorées dont le couvercle est en ivoire ; un lissoir permettant de rendre son intégrité au papyrus après en avoir gommé les erreurs. L'entraînement physique, comme le tir à l'arc, la course en char, la chasse dans le désert, fait également partie de son éducation.
Il est élevé dans le culte du dieu unique Aton.
Il accède au trône vers 1335 avant notre ère, à l'âge de neuf ou dix ans. Il épouse alors sa sœur Ânkhésenamon.
Il est le père de deux filles mort-nées qui n'ont pas de nom, car les inscriptions du cercueil les appellent seulement l'Osiris (le défunt), elles sont donc connus par les numéros 317a et 317b attribués par Carter lors de ses fouilles. L'examen tomodensitométrique de leurs momies réalisé en 2011 a révélé qu'un des fœtus est mort à cinq ou six mois de grossesse, l'autre à neuf mois de grossesse. Aucune anomalie congénitale ou autre cause de leur mort n'ont été trouvées.
Titulature
Chaque pharaon avait plusieurs noms, de famille, d'enfance, religieux, de couronnement. Dans le cas de Toutânkhamon, le cas se complique puisque sous le règne d'Akhenaton il a été d'abord Toutânkhaton avant le rétablissement du culte d'Amon. Les cartouches les plus fréquemment représentés sur les objets lui ayant appartenu sont le 4e nom : titre de fils de Rê : T-ou-t-ankh-Imen heqa-Iunu-shema (L'image vivante d'Amon, seigneur de l'Héliopolis de Haute-Égypte) et le 5e nom, le plus connu visuellement : le titre de roi de Haute et Basse-Égypte : Neb-Kheperou-Rê (les manifestations divines de Rê).
Voir ci-dessous une description détaillée concernant les titulatures royales en général et celle de Toutânkhamon :
Études génétiques
Entre septembre 2007 et octobre 2009, le King Tutankhamun Family Project Mummies a conduit des études anthropologiques, radiologiques et génétiques sur onze momies royales du Nouvel Empire, appartenant au lignage de Toutânkhamon. Ces études visaient à déterminer leurs liens de parenté et les pathologies liées à la consanguinité, aux maladies héréditaires ou infectieuses, mais également les causes de leurs morts. Cinq autres momies datant de la même période ont été incluses dans l'étude afin de servir de référence.
Lignage
L'analyse génétique a permis de reconstituer l'arbre généalogique de Toutânkhamon sur cinq générations. Toutefois, sur les onze momies étudiées, seule l'identité de quatre d'entre elles est certaine, Touya, Youya, Amenhotep III et Toutânkhamon.
Youya et Touya sont ses arrière-grands-parents, les parents de sa grand-mère.
Amenhotep III et la momie KV35EL sont ses grands-parents. La momie KV35EL est probablement Tiyi.
La momie KV35YL est identifiée comme étant la mère du jeune roi. Selon Zahi Hawass, responsable avant 2011 des antiquités égyptiennes au Musée du Caire, dont les travaux sont parus dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) du , la mère du pharaon serait la sœur de son père.
La momie trouvée dans la tombe KV55 est celle de son père. Cette momie est très probablement Akhenaton. Les deux momies partagent plusieurs caractéristiques morphologiques uniques et ont le même groupe sanguin.
Les deux fœtus trouvés dans la tombe de Toutânkhamon sont bien les filles du pharaon. Leur mère pourrait être la momie KV21A. Les données ne sont pas suffisantes pour identifier celle-ci comme Ânkhésenamon.
Haplogroupes
D'après l'étude de la société iGENEA, Toutânkhamon et sa lignée patrilinéaire appartiendraient à l'haplogroupe R1b du chromosome Y et plus précisément à la branche M269 (seul 7% de la population égyptienne actuelle porterait cette haplogroupe). Découverte confirmée plus tard par Gad et al 2020 qui précise qu'il appartenait de même à l'haplogroupe maternel K.
Règne
Succession
Vers l'an -1338, Akhenaton meurt. Lui succède alors la reine Ânkh-Khéperourê, reconnue aujourd'hui comme la demi-sœur aînée de Toutânkhaton, Mérytaton. Elle disparaît rapidement pour des raisons inconnues ; bien qu'il ne soit encore qu'un enfant de neuf ans, Toutânkhaton monte sur le trône de la Haute et Basse-Égypte. Il est légitimé en épousantÂnkhésenpaaton, née à la fin de l’an VII d'Akhenaton, la troisième fille de Néfertiti et d'Akhenaton, qui devient son épouse royale après le changement de son nom en Ânkhésenamon.
Compte tenu de son âge, le roi a probablement des conseillers puissants, en particulier, le « Père divin » Aÿ et le général Horemheb. Comme il est trop jeune pour régner, c'est probablement eux qui détiennent le véritable pouvoir administratif et militaire.
Horemheb rapporte que le roi l'a nommé « député du roi sur toute la terre », soit porte-parole du roi en Égypte et dans toutes les terres étrangères. Il rapporte aussi qu'il est habile à calmer le jeune roi lorsque celui-ci s'emporte.
Politique intérieure
Dans la troisième année de son règne, Toutânkhaton se détourne de certains des changements apportés par Akhenaton.
Il délaisse le culte d'Aton et restaure la suprématie du dieu Amon. Le bannissement d'Amon est levé et les privilèges traditionnels sont rendus au Grand prêtre d'Amon et à son clergé. Il change d'ailleurs son nom en Toutânkhamon « Image vivante d'Amon » afin d'affermir la restauration du dieu, tandis que son épouse devient Ânkhésenamon, comme l'indique la stèle de restauration du culte d'Amon retrouvée dans le temple de Karnak.
Amarna, la ville d'Akhetaton, est abandonnée et la capitale est déplacée à Thèbes.
Le roi initie la construction de nouveaux bâtiments, en particulier à Thèbes et à Karnak où il consacre un temple à Amon. De nombreux monuments sont érigés et une inscription sur la porte de sa tombe déclare que le roi « a passé sa vie à façonner des images des dieux ».
Les fêtes traditionnelles sont célébrées à nouveau, en particulier celles consacrées au dieu Apis, ainsi que la belle fête d'Opet. Sa stèle de restauration indique : « les temples des dieux et déesses étaient en ruine. Leurs hauts lieux étaient désertés et envahis de mauvaises herbes. Leurs sanctuaires n'avaient plus d'existence et leurs cours servaient de route... Les dieux ont tourné le dos à ce pays... Si quelqu'un adresse une prière à un dieu, il n'aura jamais de réponse. ».
Cependant, il ne semble pas que le couple royal ait abandonné totalement la religion atonienne, comme en témoigne le trône où l'on peut apercevoir, dans un cartouche ciselé sur un accoudoir, le disque solaire Aton tendre la croix de vie au pharaon et à sa femme.
Politique extérieure
À la suite du règne d'Akhenaton, le pays est faible et instable. Les relations diplomatiques avec les autres royaumes ont été négligées et Toutânkhamon s'emploie à les restaurer, en particulier avec le Mittani. Les cadeaux, provenant de divers pays, trouvés dans sa tombe, semblent prouver son succès.
Malgré ses efforts pour améliorer leurs relations, des batailles avec les Nubiens et les Asii sont rapportées dans son temple funéraire à Thèbes. Sa tombe contient une armure et des tabourets pliants pouvant servir lors de campagnes militaires. Toutefois, compte tenu de son jeune âge et de handicaps physiques qui nécessitent l'usage de cannes pour marcher, les historiens supposent qu'il n'a pas personnellement participé à des batailles.
Les monuments
Décrit comme le « souverain qui restaure », Toutânkhamon a initié un certain nombre de constructions et a œuvré à la restauration des sanctuaires abandonnés pendant le règne d'Akhenaton. Victime d'une damnatio memoriæ de la part de ses successeurs qui effacent de l'histoire officielle tous les règnes entre Amenhotep III et Horemheb, son nom a été martelé et ses monuments usurpés, cette phase devenant particulièrement active sous Ramsès II.
La stèle de la Restauration
Stèle en grès rouge d'une hauteur de 2,50 m sur 1,29 m, elle a été trouvée en juillet 1905 par Georges Legrain à Karnak, dans la grande salle hypostyle.
Le long texte d'une trentaine de lignes déplore l'état des sanctuaires des dieux. Puis décrit les efforts de Toutânkhamon afin de restaurer les temples et de nommer les nouveaux prêtres chargés de les servir.
Ce texte, document important édifié au début du règne de Toutânkhamon, afin de marquer le retour à l'orthodoxie antérieure à Akhenaton, a probablement été initié par Aÿ. Marc Gabolde l'identifie d'ailleurs au personnage martelé apparaissant derrière le roi.
La stèle a subi des martelages afin de substituer le nom de Horemheb à celui de Toutânkhamon.
La colonnade de Louxor
La colonnade du temple d'Amon, composée de colonnes papyriformes à chapiteaux ouverts, a été construite par Amenhotep III. Le temple, délaissé durant la réforme religieuse du pharaon Akhenaton, est restauré par Toutânkhamon qui construit des parois latérales à la colonnade et les fait orner de scènes de la fête d'Opet.
Le mur Ouest évoque le défilé, partant de Karnak jusqu'au temple d'Amon à Louxor. Toutânkhamon y célèbre le culte dans le temple en offrant des fleurs et des libations à Amon. Puis, accompagné par les musiciens, joueurs de trompettes et de tambours et de danseuses, il rejoint le Nil, où la barque sacrée du dieu Amon est entourée par une flottille l'escortant. La foule massée sur les berges l’acclame et l'applaudit.
Le mur Est montre le retour de la procession à Karnak, après la fin de la fête.
Une statue représentant Toutânkhamon et son épouse est installée à proximité.
Le temple des millions d'années
Aucun temple funéraire de Toutânkhamon, « Temple des millions d'années » n'a jamais été identifié. Pourtant, dès son avènement, il a choisi l'emplacement de son temple funéraire, emplacement délimité par les prêtres où le jeune homme a placé des dépôts de fondation dans des emplacements rituels.
Une stèle et une brique crue portant le nom de Toutânkhamon semblent confirmer cette fondation sur la rive gauche du Nil, à Karnak.
Lors du vidage du IIe pylône de Karnak, des blocs martelés, composés d'architraves ornées, de piliers et de fragments de parois décorées sur les deux faces, au nom de Aÿ et de Toutânkhamon ont été trouvés.
Les textes de dédicaces indiquent que le monument a été construit par Aÿ en l'honneur de « son fils » Toutânkhamon : Il [Aÿ] a fait comme son mémorial pour son fils, le dieu parfait, seigneur du Double Pays, seigneur qui accomplit les rites, roi de Haute et Basse-Égypte Nebkhéperourê. Les textes précisent également qu'il s'agit d'un temple des millions d'années, d'un reposoir pour la statue lors de la Belle Fête de la Vallée.
Le retour triomphal d'une bataille en Nubie, une bataille en Asie, des chasses dans le désert, des rituels liés aux statues de Toutânkhamon décorent les blocs.
Le nom de Aÿ, systématiquement effacé, semble indiquer que Horemheb souhaitait, dans un premier temps, usurper le monument avant qu'il ne décide finalement de le démanteler et d'utiliser les blocs en réemploi dans le IIe pylône.
Pathologie et mort
Pathologies
Les représentations artistiques de Toutânkhamon montrent une très discrète gynécomastie, développement excessif des glandes mammaires, mais ces représentations témoignent probablement d'un style visant à reproduire un même idéal physique, celui d'Akhenaton. Ainsi, l'étude des momies par le King Tutankhamun Family Project Mummies ne révèle aucune trace de cette anomalie. De même aucune pathologie en rapport avec une craniosynostose, soudure prématurée de sutures crâniennes, n'a été trouvée. Le syndrome de Marfan n'a été décelé sur aucune momie. Par contre, la famille de Toutânkhamon présente une accumulation de malformations.
L’égyptologue Marc Gabolde estime que les statuettes représentant le pharaon avec des glandes mammaires développées seraient en fait des représentations de sa sœur Mérytaton. Celle-ci aurait régné peu de temps avant Toutânkhamon, puis aurait été chassée du pouvoir et effacée des annales. Les statuettes et produits funéraires qui lui étaient initialement destinés auraient été réutilisés pour le pharaon Toutânkhamon.
Quatre des momies faisant partie de l'étude y compris Toutânkhamon sont porteuses de parasites du paludisme (Plasmodium falciparum).
Toutânkhamon lui-même présente plusieurs pathologies, dont la maladie de Köhler sans qu'aucune d'entre elles n'ait pu entraîner la mort.
Le pied gauche de Toutânkhamon montre des signes de nécrose osseuse sur les deuxième et troisième métatarsiens. Cette maladie de Köhler aurait pu nécessiter l'usage de cannes pour faciliter la marche. Cent trente cannes, sceptres et autres bâtons ont été retrouvés dans la tombe. L'abondance de ces cannes pourrait suggérer cette claudication mais « les textes funéraires égyptiens prescrivent nombre de ces bâtons, à la fois auxiliaires de la marche, marques d'autorité et moyens de défense pour l'au-delà ». Les nombreux pagnes en lin du pharaon qui présentent des traces d'usure plus marquées à droite, et trois représentations de Toutânkhamon tirant à l'arc, assis, vont dans le sens de l'hypothèse d'un handicap avec un pied bot.
Cependant d'autres chercheurs ont trouvé, sur les os de ses orteils, des traces caractéristiques des personnes souffrant de drépanocytose, maladie touchant 9 à 22 % de la population vivant dans les oasis égyptiennes.
Cause de la mort
Il n'existe aucun témoignage sur les derniers jours de Toutânkhamon. Les causes de sa mort font l'objet de nombreux débats.
Une première autopsie de la momie est effectuée le 11 novembre 1925, sous la supervision d'Howard Carter. La première radiographie, effectuée en 1968 par le professeur d'anatomie R.G. Harrison de l'université de Liverpool, met en évidence la présence d'un fragment osseux dans la cavité crânienne et une zone amincie de l'os occipital, suggérant une lésion et une hémorragie à l'arrière du crâne. La thèse d'un complot pour le tuer, ourdi par un de ses proches (notamment son successeur Aÿ) est évoquée. Un scanner plus précis réalisé dans le cadre du King Tutankhamun Family Project a réfuté cette hypothèse : le fragment d'os se serait plus probablement détaché lors du processus d'embaumement ou des manipulations lors de l'autopsie de 1925.
Des analyses ADN effectuées en 2010 dévoilent la présence de parasites du paludisme dans son organisme. La combinaison de la malaria et de la maladie de Köhler aurait provoqué sa mort.
Un scanner, réalisé en 2005, révèle qu'il a souffert d'une fracture à la jambe gauche peu de temps avant son décès. Cette fracture de l'extrémité inférieure du fémur gauche avec rotule arrachée, manifeste des signes d'infection locale. L'ébauche de cicatrisation indique que le roi n'a survécu qu'un à cinq jours à son accident.
Fin 2013, l'égyptologue Chris Naunton et des scientifiques de l'Institut Cranfield Forensic ont réalisé une « autopsie virtuelle » du roi, révélant des blessures sur un des côtés du corps. Après avoir créé des simulations virtuelles d'accident de char, ils émettent l'hypothèse que Toutânkhamon aurait été renversé par un char lancé à vive allure. Le cœur aurait été écrasé par l'impact.
Répercussion de sa mort
Un texte hittite rapporte qu'une reine égyptienne veuve supplia le roi hittite Suppiluliuma de lui envoyer un fils pour monter sur le trône. Cette reine, appelée par le récit hittite Dahamunzu, transcription de l'expression égyptienne ta hemet nesou, « épouse du roi », est souvent interprétée comme étant Ânkhésenamon, mais il pourrait s'agir de Mérytaton, la concordance entre les chronologies des règnes hittites et égyptiens étant mal établie pour cette période mouvementée. Quoi qu'il en soit, le roi hittite accepta la proposition et fit partir le prince Zannanza, lequel n'arriva jamais, manifestement assassiné. Cela entraîna les deux pays dans une guerre qui dura plusieurs décennies. On ne sait pas ce que devint la veuve, certains avancent un mariage avec son successeur Aÿ qui succéda au jeune pharaon.
Sépulture
Toutânkhamon n'a pas le temps de faire construire sa demeure d'éternité. Lorsqu'il disparaît brusquement en -1327, à dix-neuf ans, la tombe initialement prévue pour lui (WV23 utilisée finalement par Aÿ, ou WV24) n'est pas prête.
Pendant les 70 jours prévus pour la momification, les ouvriers préparent une tombe plus modeste, initialement prévue pour celui qui allait devenir son successeur Aÿ, mais dont le creusement est plus avancé. Les travaux en sont surveillés par le chef des travaux de la nécropole, Maya, dont le présent, en hommage à son souverain, a été retrouvé dans la tombe.
Au bout de 70 jours, il est inhumé, selon les rites funéraires royaux, accompagné de ses filles et au milieu de son trésor : masque funéraire en or pur (conservé aujourd'hui au Musée égyptien du Caire), cercueils et sarcophages ornés de pierres précieuses telles que le lapis-lazuli, quadruples vases canopes pour les viscères, mobilier et objets funéraires, jouets et souvenirs du pharaon enfant.
Les fruits et les fleurs (mandragores, bleuets, etc.) déposés dans la tombe permettent de situer les obsèques en mars ou en avril. Le jeune roi serait donc mort en janvier.
La tombe de Toutânkhamon est visitée deux fois par les pilleurs de tombe, mais d'après les sceaux posés sur la porte après ces intrusions, il semble que ces vols aient eu lieu peu de temps après l'inhumation.
Finalement, la localisation de la tombe a été oubliée, ensevelie sous les déblais des tombes creusées ultérieurement puis sous les gravats des inondations successives. Enfin, des cabanes d'ouvriers ont été construites sur son entrée, probablement dans l'ignorance de sa présence.
La vallée des Rois où se trouve le tombeau, pourtant gardée par les Medjaÿ, a fait l'objet de pillage incessant dès l'Antiquité. À la fin de la XXe dynastie, elle est abandonnée. Les momies et les objets de valeur restants sont rassemblés dans deux grandes caches : la cachette de Deir el-Bahari pour quarante des momies royales et leurs cercueils, et l'autre, dans le tombeau d'Amenhotep II pour seize autres. Toutânkhamon n'a pas fait l'objet de ce transfert, probablement parce que son nom et la localisation de sa tombe étaient déjà oubliés.
Le , l'archéologue britannique Howard Carter redécouvre la sépulture dans la vallée des Rois.
Momie
Préparation du corps
Après sa mort, le corps de Toutânkhamon est déposé à « la maison de la vigueur », Per-Nefer. Cet atelier d'embaumement a pour tâche, par ses rites et pratiques, de transformer le cadavre du roi en dieu. Après l'extraction des organes internes, le corps est laissé pendant sept décades dans du natron permettant d'en extraire toute trace d'humidité. Enfin, il est enroulé dans des centaines de mètres de lin.
Pendant ces opérations, des prêtres récitent les prières et formules magiques.
Cent quarante-trois objets précieux ont été insérés entre les bandelettes de Toutânkhamon : bagues et doigtiers en or ; colliers et bracelets ; diadème et pectoraux ainsi que de nombreuses amulettes. Des traces d'usure indiquent que certains de ces bijoux ont été portés pendant la vie du pharaon.
Deux bandeaux d'or et un diadème sont posés sur la tête du jeune roi. Ce dernier est orné de cornaline et de pâtes de verre bleu. À l'avant du diadème se trouvent la tête de vautour de la déesse Nekhbet et le cobra de la déesse Ouadjet, dont le corps ondulé rejoint l'arrière du diadème.
Un poignard à lame et étui d'or est glissé dans sa ceinture. Contre sa cuisse gauche, une dague est glissée. Sa poignée se termine par un cristal de roche et sa lame, au fourreau d'or, est en fer météoritique.
Enfin, sur le visage est rabattu le masque en or fin, dont les traits rappellent le visage de la reine Tiyi.
Redécouverte
Presque trois ans après la redécouverte de la tombe, les archéologues de l'équipe d'Howard Carter enlèvent le dernier sarcophage protégeant la momie et son masque d'or.
À cause des liquides d'embaumement durcis, les deux derniers cercueils adhèrent l'un à l'autre. La suppression de cette résine est très difficile. Carter explique :
« Ce matériau durci par l'âge a dû être enlevé à l'aide d'un marteau, de solvants et de la chaleur, tandis que les cercueils sont imbriqués l'un dans l'autre et extirpé à l'aide d'une grande chaleur, l'intérieur étant temporairement protégé pendant le processus par des plaques de zinc - la température utilisée - en dessous du point de fusion du zinc - était de plusieurs centaines de degrés Fahrenheit. Après que le cercueil intérieur a été extirpé, il a dû être de nouveau traité avec la chaleur et les solvants avant d'être complètement nettoyé. »
— Howard Carter
La momie apparaît enfin, presque carbonisée par les onguents versés au moment de l'inhumation, probablement par la combustion de l'huile de lin dont étaient imprégnées les bandelettes d'embaumement. Le corps adhère fortement au sarcophage et à son masque d'or en raison de ces mêmes onguents. Carter a essayé d'extraire les restes de Toutânkhamon de diverses manières pour ne pas l'endommager. L’ancien directeur du Musée du Caire, Mohamed Saleh, raconte dans un témoignage au journal Al-Ahram, en 2005, que Howard Carter a « détaché la tête du tronc, abîmé les membres et réarrangé le tout sans grande rigueur ».
Chris Naunton a repris les notes d'Howard Carter indiquant que le corps avait brûlé. Travaillant avec l'anthropologiste Rober Connolly et l'archéologue Matthew Ponting, ils ont trouvé des indices suggérant que le corps s'est consumé dans son sarcophage. Les huiles d'embaumement combinées avec l'oxygène et le lin des bandelettes auraient déclenché une réaction chimique ayant provoqué la combustion du corps.
Conservation actuelle
Depuis le 4 novembre 2007, sa momie est installée dans une vitrine la protégeant de l'humidité et révèle pour la première fois le visage du roi au public.
Deux momies d'enfants (un fœtus de sept mois et un mort-né) ont été retrouvées dans sa tombe par Howard Carter et ont été depuis conservées à l'université du Caire.
Trésor de Toutânkhamon
À l'intérieur du tombeau, se trouvent un fastueux sarcophage de 110 kg avec son masque d'or et 2 099 objets intacts. Ce sarcophage possède des déesses ailées sculptées à ses angles, ce qui est commun aux sépultures masculines. En revanche, à l'origine, il n'y avait pas d'ailes aux bras des déesses, elles ont été ajoutées par la suite lors du placement du défunt. À sa confection, la sépulture n'était peut-être pas destinée à Toutânkhamon, mais à une reine. D’ailleurs, l’égyptologue Nicholas Reeves considère que près de 80 % du mobilier funéraire présent dans le tombeau, y compris les vases canopes et le masque funéraire, était destiné à sa prédécesseure, Ânkh-Khéperourê.
Le fabuleux trésor retrouvé dans le tombeau de Toutânkhamon, l'une des seules sépultures pharaoniques à avoir été découverte quasi intacte, laisse augurer de la richesse des autres tombeaux dans leur état d'origine.
La tombe de Toutânkhamon recelait des milliers d'objets : du mobilier dont un splendide trône, plusieurs lits dont un surprenant lit aux deux longues vaches dorées, qui témoignent d'une habileté technique rarement égalée, mais aussi des bijoux, des statuettes, têtes et masques, des cannes (environ cent trente), des vases, des éventails, etc.
Expositions exceptionnelles
Les objets de la tombe de Toutânkhamon quittent rarement l’Égypte et le ministère des Antiquités égyptiennes a annoncé que lorsque le nouveau musée construit près des pyramides sera opérationnel, ils ne quitteront plus ce lieu d'exposition. Au cours du temps, quelques expositions exceptionnelles ont été organisées à l'étranger :
- De au , l’exposition « Toutânkhamon et son temps » à Paris au Petit Palais présentait le masque funéraire et 45 objets de la tombe. Cette exposition, la première importante à l'étranger, a longtemps été l'exposition d'art en France réunissant, avec 1 240 975 entrées payantes, le plus grand nombre de visiteurs.
- Avant d'intégrer le nouveau Grand musée égyptien, environ 150 objets de la tombe (hormis le masque funéraire) ont participé à un cycle d'expositions à travers le monde entre 2019 et 2024. En France, l'exposition à la Grande halle de la Villette du 23 mars au 22 septembre 2019 a réuni 1 423 170 visiteurs, devenant ainsi l'exposition la plus visitée de l'histoire en France.
La malédiction
La légende d'une « malédiction des pharaons » est née avec la mort de Lord Carnavon, alimentée par des journaux cherchant à augmenter leurs ventes au moment de la découverte.
Les journaux parlent alors d'une inscription — inexistante — qui aurait indiqué : « Ceux qui entrent dans ce tombeau sacré seront visités par les ailes de la mort ». La rumeur affirme que le chien du Lord, resté au château de Highclere, poussa un hurlement au moment de la mort de son maître. À cet instant, les lumières du château ainsi que celles du Caire s'éteignirent. Dans la décennie suivante, la presse attribue une trentaine de morts à la malédiction.
L'épidémiologiste Mark Nelson, de l'université Monash à Melbourne, a étudié les livres d'histoire et suivi le parcours de quarante-quatre occidentaux signalés par Howard Carter comme étant présents en Égypte pendant l'expédition de février 1923 à novembre 1926. ll s'agissait des membres de l'expédition, de membres de la presse, des membres de la royauté belge, des officiels britanniques et d'experts employés par le gouvernement égyptien.
Vingt-cinq d'entre eux ont assisté à l'un des quatre événements pouvant les exposer à la malédiction de la momie : à l'ouverture de la tombe, quand le sarcophage de Toutânkhamon a été ouvert, quand les trois cercueils d'or ont été ouverts, et lorsque la momie de Toutânkhamon a été examinée. Ces personnes sont décédées à un âge moyen de 70 ans, alors que les dix-neuf autres personnes sont décédées à un âge moyen de 75 ans.
Carl Nicholas Reeves, dans The Complete Tutankhamun, démystifie la malédiction, en soulignant que Lady Evelyn Herbert, fille de Lord Carnarvon, qui était présente à l'ouverture de la tombe, est morte à 79 ans, qu'Alan Gardiner, qui a étudié les inscriptions de la tombe, a vécu jusqu'à 80 ans et Douglas Derry, qui a autopsié la momie de Toutânkhamon, a atteint 87 ans.
Galerie
Chapelle funéraire de Toutânkhamon (Musée égyptien du Caire).
Coffre à vases canopes (Musée égyptien du Caire).
Le verso du trône du pharaon avec les quatre cobras uræus d'or. Or de lapis-lazuli, vallée des Rois, Thèbes (Musée égyptien du Caire).
Statue d'Anubis (Musée égyptien du Caire).
Tombeau de Toutânkhamon dans la vallée des Rois (KV62).
Broche pectorale de Toutânkhamon (Musée égyptien du Caire).
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Tutankhamun » (voir la liste des auteurs).
Références
Annexes
Bibliographie
- (en) Charlotte Booth, The Boy Behind the Mask : Meeting the Real Tutankhamun, Oneworld Publications, , 176 p. (ISBN 978-1-85168-544-8)
- (en) Z. Hawass, YZ. Gad, S. Ismail, R. Khairat, D. Fathalla, N. Hasan, A. Ahmed, H. Elleithy, M. Ball, F. Gaballah, S. Wasef, M. Fateen, H. Amer, P. Gostner, A. Selim, A. Zink, CM. Pusch, « Ancestry and Pathology in King Tutankhamun's Family », JAMA : the journal of the American Medical Association, no 7, , p. 638-647 (lire en ligne)
Ouvrages de base
- Jean Capart, Toutankhamon, Bruxelles, Vromant, , 121 p. [dernière édition : Saint-Laurent-le-Minier, Éd. Decoopman, 2018 (préface de Jean-Michel Bruffaerts)].
- Christiane Desroches Noblecourt, Vie et mort d'un pharaon : Toutankhamon, Paris, Pygmalion, , 312 p. (ISBN 2-85704-022-9).
- Howard Carter, La fabuleuse découverte de la tombe de Toutankhamon, Paris, Pygmalion, , 187 p. (ISBN 2-85704-037-7) [trad. par Martine Wiznitzer d'un ouvrage en anglais paru en 1923].
- Carl Nicholas Reeves (trad. de l'anglais), Toutânkhamon : le roi, la tombe, le trésor royal, Paris, Belfond, , 224 p. (ISBN 2-7144-2697-2)
- Violaine Vanoyeke, Toutankhamon, trilogie,Paris, Editions Michel Lafon, 2005, Editions du Livre de Poche, 2007, Succès du livre, 2006
- Marc Gabolde, D'Akhénaton à Toutânkhamon, Lyon, Université Lumière-Lyon 2, Institut d'archéologie et d'histoire de l'Antiquité, , LXX-315 p. (ISBN 2-911971-02-7).
- Carl Nicholas Reeves (trad. de l'anglais), Toutânkhamon : vie, mort et découverte d'un pharaon, Paris, Éd. Errance, , 224 p. (ISBN 2-87772-248-1).
- Thierry-Louis Bergerot (éd.), Akhénaton et l'époque amarnienne, Paris, Éd. Khéops, , 318 p. (ISBN 2-9504368-6-2).
- Zahi Hawass, Le Trésor de Toutânkhamon, Paris, Imprimerie nationale, , 296 p. (ISBN 978-2-7427-7488-3). Photographies de Sandro Vannini.
- Marc Gabolde, Toutankhamon, Paris, Pygmalion, , 685 p. (ISBN 978-2-7564-0990-0).
Articles
-
« D'Akhénaton à Toutânkhamon », Toutânkhamon Magazine, no 19, . un numéro spécial de Toutânkhamon Magazine sur la période amarnienne et le règne de Toutânkhamon
-
Zahi Hawass, « Les secrets de famille du roi Toutânkhamon », National Geographic, , p. 2-27 (ISSN 1297-1715). Une étude scientifique basée sur les ADN de neuf momies
- Le Trésor de Toutânkhamon, dans Archéologia n°575, avril 2019
Romans
-
Christian Jacq, La Reine Soleil. roman qui raconte la vie et la fin (possible) d'Ânkhésenpaamon ou Akhesa
-
Christian Jacq, L'affaire Toutânkhamon. roman qui raconte la découverte par Howard Carter de la tombe de Toutânkhamon et ses démêlés avec l'administration égyptienne
-
Christian Jacq, Toutânkhamon, l'ultime secret (lire en ligne). roman qui raconte la recherche des fameux papyrus de Toutânkhamon
-
Sophie Crançon, Le Mystère Toutânkhamon. Novembre 1922, Howard Carter découvre la tombe de Toutânkhamon ; Sophie Crançon, rédactrice en chef d'Archéologia retrace cette aventure
-
Dimitri Merejkovski, Toutânkhamon. biographie romancée de la jeunesse du roi
-
Philippe Nessmann, Sous le sable d'Égypte. beau roman pour enfants de 11 à 13 ans avec en milieu de livre des photographies de la recherche et du tombeau
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- (en) Grove Art Online
- Ressource relative à la bande dessinée :
- (en) Comic Vine
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Les grands rois d'Égypte : Toutânkhamon.
- Documentaire de la télévision britannique sur les découvertes faites par l'équipe d'égyptologues dirigée par Zahi Hawass, secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes.
- La science dévoile les mystères de Toutankhâmon.
- Le trésor de Toutânkhamon.
- Jacques Freu, Akhenaton, Smenkhkarê et Tutankhamon : nouvelles perspectives ?, Éditions Kubaba].
- Mini-série de 3 parties : TUT 2015.