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Fascia
Un fascia (prononciation : \fa.sja\) est une membrane fibro-élastique qui recouvre ou enveloppe une structure anatomique. Il est composé de tissu conjonctif très riche en fibres de collagène. Les fascias, de par leurs propriétés visco-élastiques notamment, jouent un rôle biomécanique essentiel ; ils sont aussi connus pour être des structures passives de transmission des contraintes générées par l'activité musculaire ou des forces extérieures au corps.
Il a également été montré qu'ils sont capables de se contracter et d'avoir une influence sur la dynamique musculaire et que leur innervation sensitive participait à la proprioception et à la nociception : ils sont plus riches que le muscle en terminaisons nerveuses impliquées dans la sensation de douleur.
La teneur en eau des fascias et l'acide hyaluronique jouent un rôle dans leur souplesse et fonctionnalité.
Historique
Le nom fascia, en latin, signifie « bandelette ». En 1799 Xavier Bichat publie une première étude anatomique des fascia sous le nom de membranes. Dans son introduction, il constate : « les membranes n'ont point été jusqu'ici un objet particulier de recherche pour les anatomistes ».
En 1858, Henry Gray propose la définition suivante du fascia : « une masse de tissu conjonctif assez importante, visible à l'œil nu et dont les fibres sont entrelacées ».
La technique chirurgicale du lambeau permet d'utiliser certains fascias en chirurgie. Des fascias peuvent aussi être utilisés pour reconstruire un tympan crevé dans l'oreille (myringoplastie). Des fascias peuvent aussi être greffés, avec un cœur par exemple.
Plus récemment, on a montré que certains messages biochimiques (hormonaux, y compris émis en condition de stress émotionnel), provoquent la contraction des fascias de manière indépendante des stimuli musculaires ou nerveux.
Éléments de définition
Le terme fascia est assez polysémique, désignant toutes les sortes de lames de tissu conjonctif, pouvant être disséquées macroscopiquement. Le Fascia Research Congress qui s'est tenu à Washington, du 17 au 21 septembre 2015 était consacré à la terminologie relative aux fascias car une utilisation indiscriminée du mot « fascia » pour désigner divers types de tissu conjonctif a pu prêter à confusion et rendre difficile la comparaison des résultats entre les études de recherche et la conclusion générale.
On peut distinguer :
- le fascia superficiel (ou tissu sous-cutané), qui constitue la couche profonde de la peau ;
- le fascia profond, une lame fibreuse sur laquelle repose le fascia superficiel et qui sépare les muscles superficiels du tissu sous-cutané ;
- les fascias internes, qui comblent les espaces entre divers organes ;
- les fascias viscéraux, qui correspondent à la tunique externe de certains viscères, sur les surfaces non recouvertes de séreuse.
Le fascia superficiel et les fascias internes sont constitués de tissu conjonctif lâche, tandis que le fascia profond et les fascias viscéraux sont composés de tissu conjonctif dense.
On peut également distinguer le fascia musculaire, qui est une formation de tissu conjonctif dense entourant un muscle, et qui est au contact de l'épimysium.
Plus restrictivement, le mot fascia peut désigner la membrane de tissu conjonctif fibreux séparant les plans tégumentaires des plans profonds d'un segment du corps : fascia profond ; portant le nom de la partie du corps concernée (ex : fascia brachial).
Pour clarifier et unifier le vocabulaire relatif aux fascias, une Fascia Research Society s'est constituée en 2014. Les auteurs qui avaient déjà contribué à améliorer la terminologie dans le Journal of Bodywork and Movement Therapies représentaient l'ostéopathie, la chiropratique, la médecine, les chercheurs en sciences fondamentales et praticiens du mouvement. Fin 2014, ils ont utilisé la méthode Delphi pour obtenir un consensus d'experts sur la question de savoir quelles structures anatomiques inclure dans cette définition, notant que la nomenclature la plus appropriée dépendait du type d'investigation ou de perception du fascia. Une approche morphologique implique une définition plus étroite telle que celle proposée par le Comité fédératif de terminologie anatomique (FCAT) alors qu'une approche des aspects fonctionnels s'intéressant par exemple à la transmission de force ou aux capacités sensorielles des fascias plaide pour une définition plus large. Ce travail a conclu qu'il fallait différencier deux notions :
- « le fascia » , mot qui décrit « une gaine, une feuille ou un certain nombre d'autres agrégats pouvant être disséqués, tissu conjonctif qui se forme sous la peau, pour attacher, enfermer, séparer les muscles et autres organes internes » ; cette définition est uniquement anatomique, elle permet notamment d'isoler ces couches parmi les tissus d'un cadavre et d'y effectuer des analyses histologiques et morphologiques, elle permet aussi de prélever des échantillons de fascias lors d'une chirurgie afin d'évaluer si elles sont pathologiquement altérées, ou de les étudier chez des sujets vivants par l'imagerie. Les résultats d'études anatomiques faites par des auteurs différents seront plus comparables.
- « le système fascial » ; notion nécessaire pour les cliniciens étudiant ou manipulant les fonctions du réseau fascial global lors du mouvement. Ces derniers ne se contentent pas de la définition du fascia, car celle-ci exclut des tissus jouant un rôle dans les interconnexions entre fascias, tels les capsules articulaires, aponévroses, tendons, ligaments et tissus conjonctifs intramusculaires (Schleip et al., 2012). Myers en 2014 notait aussi que la distinction palpatoire entre par ex. le fascia transversalis et le péritoine pariétal intéresse la recherche mais sont en réalité unis ; ils bougent et réagissent ensemble. Le second terme (« système fascial ») permet d'inclure les notions de transmission de force, de fonctions sensorielles ou encore de gestion de la cicatrisation qui sous-tendent des interactions entre réseaux de tissus interdépendants et formant un tout complexe, tous collaborant pour effectuer un mouvement.
Formation embryonnaire
Les fascias sont issus d’un même feuillet embryonnaire : le mésoderme.
Pathologie
- Le fascia peut s’enflammer, entraînant une fasciite voire une fibrose.
- Une déchirure des fascias est possible à l'occasion d'un effort intense (sportif notamment).
- Hypothèse est faite que les fascia pourraient présenter des contractures.
- Les fascia joueraient un rôle primordial dans l'apparition du mal de dos.
Classification
Tête
Membres supérieurs
- Fascia antébrachial
- Fascia brachial
- Fascia clavipectoral
- Fascia infraspinatus
- Fascia supraspinatus
- Fascia pectoral
Membres inférieurs
Dos
Abdomen
Médecines non conventionnelles
Voir aussi
Bibliographie
- Serge Paoletti, Les Fascias : rôle des tissus dans la mécanique humaine, Vannes, Sully, , 245 p. (ISBN 978-2-35432-021-8).
- Myers, T. W., & Hillman, S. K. (2004). Anatomy trains. Primal Pictures Limited. [lire en ligne]
- (en) Mike Benjamin, « The fascia of the limbs and back - a review », Journal of Anatomy, vol. 214, no 1, , p. 1–18 (ISSN 0021-8782 et 1469-7580, PMID 19166469, PMCID PMC2667913, DOI 10.1111/j.1469-7580.2008.01011.x, lire en ligne, consulté le )
- (en) Robert Schleip, Thomas W. Findley, Leon Chaitow, Peter Huijing, Fascia: The Tensional Network of the Human Body, Elsevier Health Sciences, , 566 p.
- Carla Stecco, Atlas fonctionnel du système fascial humain - Grand Format, Tita Éditions, , 289 p.
Vidéographie
- « Les alliés cachés de notre organisme - Les fascias », ARTE, Kirsten Esch, Allemagne, 2017
- SED'in FRANCE, Xenius - Indispensables fascias - ARTE sur YouTube, (consulté le ).