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Carnaval
Carnaval | |
Le carnaval de Venise par François Flameng | |
Commence | le 6 janvier |
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Finit | 47 jours avant Pâques 2022 : 1er mars 2023 : 21 février 2024 : 13 février |
Célébrations | parades, bals masqués, déguisement |
Lié à |
Carême Pâques |
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Le carnaval est un type de fête relativement répandu en Europe et en Amérique. Il consiste généralement en une période pendant laquelle les habitants de la ville sortent déguisés (voire masqués ou bien maquillés) et se retrouvent pour chanter, danser, faire de la musique dans les rues, jeter des confettis et serpentins, défiler, éventuellement autour d’une parade.
Héritiers de rituels antiques tels que les Lupercales et la Guillaneu, ils sont traditionnellement associés au calendrier chrétien et se déroulent entre l'Épiphanie, soit le 6 janvier, et le Mardi gras, une fête mobile entre le 3 février et le 9 mars.
Étymologie
Le substantif masculin carnaval apparaît en français sous la forme carneval en 1549 pour exprimer le sens de « fête donnée pendant la période du carnaval ».
C'est un emprunt à l'italien carnevale ou carnevalo. Il a pour origine carnelevare, un mot latin formé de carne « viande » et levare « enlever ». Il signifie donc littéralement « enlever la viande ».
Des étymologies fantaisistes ont été jadis avancées, telle que « caro vale » pour « adieu la chair ».
Une autre hypothèse propose carrus navalis, en relation avec le Bateau d'Isis (en) (Isis).
Jusqu'au XIXe siècle, le nom masculin carême-prenant a été utilisé en français à égalité avec carnaval. Il a été orthographié de diverses manières : caresme-prenant, quaresmeprenant, etc. On le retrouve dans le journal de Pierre de l'Estoile, chez Molière, etc. En France on peut trouver des variantes régionales de carême-prenant, telles que caramentran en Provence.
De carême-prenant, on a dérivé deux expressions. L'une : « tout est de carême-prenant », pour parler de certaines libertés, en particulier dans le domaine des mœurs, qui se prennent ou prenaient traditionnellement pendant le carnaval. L'autre, pour désigner une personne costumée en carnaval, ou en général quelqu'un d'habillé de façon ridicule. Dans cette situation, on entend crier « Au secours, au secours, votre fille on l'emporte, Des carêmes-prenants lui font passer la porte ». On trouve aussi dans le Bourgeois gentilhomme de Molière : « On dit que vous voulez donner votre fille en mariage à un carême-prenant ».
Du nom carnaval dérive l'adjectif carnavalesque (relatif au carnaval), mais aussi certains régionalismes tels que carnavaleux et carnavalier : le premier désigne, dans la région de Dunkerque, en Belgique et au Québec, un participant au carnaval ; le second un artiste créant des œuvres pour le carnaval tels que chars, des géants, des grosses têtes, etc. Les « carnavaliers » les plus célèbres de France sont établis à Nice où le métier se transmet de père en fils depuis 1870 et où ce mot est traditionnellement utilisé.
Périodes du carnaval
La période carnavalesque varie fortement entre les lieux ; en Europe, elles sont généralement associées à la période hivernale, au plus tôt en novembre et au plus tard en mai. Quelques traditions masquées commencent à la Toussaint, et le carnaval d'Allemagne commence le 11 novembre à 11 heures 11, lors des foires de la Saint Martin. La majorité des carnavals européen a toutefois lieu après Noël, débutant soit à l'Épiphanie, pour la Saint Antoine et le tuage du cochon, à la Chandeleur, un mois, quinze jours, ou le jeudi avant Mardi Gras. D'autres carnavals, tels que les Laetare, ont lieu à la mi-carême. Enfin, en Scandinavie, les carnavals ont lieu autour de la Pentecôte, et celui de Notting Hill a lieu au mois d'août.
En Suisse, le carnaval de Bâle débute le lundi suivant le mercredi des Cendres, à 4h00 du matin, tandis qu'à Lucerne, il commence le jeudi gras à 4h00 du matin. En Grèce, il s'appelle Apokriá et se termine le lundi pur.
Histoire
Différentes hypothèses des origines de Carnaval
Les traditions de carnaval ont été rapprochées de nombreuses autres traditions, sans pour autant établir de filiation évidente par une continuité ininterrompu de pratiques ; les hypothèses sont plutôt basées sur des analogies de pratiques.
Préhistoire
Plusieurs hypothèses ont été formulées quand aux origines du carnaval. Pour le philologue Karl Meuli, la présence des masques, qui représentent les morts, permettent de rapprocher le carnaval d'une forme préhistorique de culte des ancêtres. Le folkloriste Claude Gaignebet, quant à lui, lie les déguisements d'ours au totémisme qui serait aussi présent dans les peintures rupestres.
Antiquité
De nombreuses fêtes antiques ont été aussi invoquées comme ancêtre du carnaval : c'est notamment le cas de la fête celte d'Imbolc , notamment pour expliquer l'utilisation de soufflets ou de vessies gonflées, mais aussi des Sacées, fêtes babyloniennes où un souverain fictif était sacrifié afin de raccorder les calendriers lunaires et solaires, les Bacchanales grecques et romaines, les Saturnales, les Lupercales, les Kalendae de janvier, ou les fêtes d'Isis du début du printemps, marquées par le lancement d'un « char naval ».
Christianisme
Deux ensembles d'hypothèses donnent une origine chrétienne au carnaval.
La première consiste, comme l'ethnologue Arnold van Gennep, à considérer le carnaval comme une réaction populaire aux privations du Carême. L'un des arguments est étymologique, donnant comme origine au carnaval le latin carne levare (enlever les viandes) et l'italien carne vale (adieu viandes).
La seconde hypothèse, venant notamment du folkloriste Dietz-Rüdiger Moser (de) consiste à considérer que le carnaval est une stratégie consciente de l'Église chrétienne, lui permettant d'intégrer les coutumes païennes tout en les utilisant pour symboliser le mal. D'autres traditions chrétiennes se rapprochent du carnaval, telles que la fête de saint Antoine abbé ou la Saint-Nicolas d'Autriche.
Les géants processionnels sont un témoignage de cette origine, en particulier dans le nord de la France et la Belgique, où ils sont une évolution de saints chrétiens célébrés.
Moyen-Âge
Au cours du Moyen-Âge, les cortèges des confréries professionnelles se muent petit à petit en carnavals urbains, par l'arrivée de pièces de théâtres comiques qui deviennent par la suite la Commedia dell'arte. Des hypothèses rapprochent le carnaval d'autres traditions médiévales, telles que les fêtes des fous.
Renaissance
Laurent le Magnifique est un grand mécène du carnaval, pour lequel il commande des chars aux thèmes mythologiques.
La Renaissance est aussi l'époque d'apparition du Carnaval dans les Antilles, apporté par les colons européens qui en excluent les populations afrodescendantes esclavagisées ; celles-ci organisèrent leurs propres cérémonies qui rencontrent depuis un grand succès .
18ème et 19ème
Le 18ème siècle est une période de reflux du carnaval en Europe : celui de Venise se mue en lieu d'intrigues politiques, quittant la rue pour les bals masqués ; en France, la Révolution a associé fête et politique, ce qui par contre-coup porte préjudice au Carnaval, qui ne revient qu'à la fin du XIXème siècle.
20ème siècle
Avec l'émigration importante de la communauté antillaise, se créent de nouveaux carnavals: ainsi à Londres le Carnaval de Notting Hill, créé dans les années 1960, est un des évènements les plus importants du Royaume-Uni, qui rassemble près de deux millions de personnes chaque année.
Plus généralement les années 1970 sont l'occasion de la revitalisation des carnavals ruraux ; ces nouvelles éditions sont l'occasion de réinventions de traditions, afin de préserver les cultures régionales et de proposer des évènements touristiques, où le carnaval devient un spectacle plutôt qu'un évènement auxquels tous participent.
Le 20ème siècle est aussi l'époque de l'apparition des masques pour enfants.
Formes
Masques et travestissement
Les masques prennent les caractéristiques des êtres surnaturels qui sont les démons et les esprits des éléments de la nature, c’est pourquoi le masque a une fonction apotropaïque.
Les travestissements de tous genres, les bals nocturnes et masqués, les promenades du dimanche gras et du mardi gras sont les principaux amusements auxquels on se livre pendant le carnaval. Le carnaval de Venise et en général ceux des pays méridionaux sont les plus célèbres et les plus brillants.
Chars
Repas
Farces et brimades
Mise à mort de la personnalisation du carnaval
La mise à mort de la personnalisation du carnaval prend des formes très diverses : être humains vivants, animaux, mannequins de divers matériaux, qui sont ensuite brûlés, noyés, enterrés, fusillés, décapités, pendus, empalés...
À la fin le temps et l’ordre du cosmos, bouleversés pendant le carnaval, sont reconstitués (nouvelle création, nouvelle cosmogonie) par la cérémonie de la lecture du « testament » et par les « funérailles » du carnaval.[réf. nécessaire].
Musiques de carnaval
- Murga: Argentine, Panama, Uruguay
- Diablada : Bolivie
- Samba, Axé, Forró, Maracatu, Frevo : Brésil
- Conga : Cuba
- Mazurka, Valse, Polka, Quadrille, Piké djouk, Biguine : Guyane
- Kompa : Haïti
- Huayno : Pérou
- Guggenmusik : Suisse
- Steel drum, calypso puis soca : Trinité-et-Tobago
Thèmes et interprétations du carnaval
Renouveau printanier de la nature
Une conception du carnaval consiste à le considérer comme un rite de purification, servant à tuer les démons de l'année écoulée afin de permettre la renaissance magique de la nature et des hommes. Les pratiques liées au souffle, tels que vessies gonflées, jeux de pète-en-gueule et soufflaculs, sont articulées avec ce thème de la mort et de la vie.
Ce thème est connexe avec celui de la célébration de la fécondité de la nature : ainsi, le carnaval sert à mettre à mort les forces nuisibles, tandis que la consommation de lait, de farine ou d'oeufs sert d'invocation de l'abondance des récoltes. Ainsi pensé, le carnaval devient un rituel magique lié à la nature, peuplé de figures totémiques tels que la figure de l'homme sauvage, les déguisements animaliers, mais aussi d'objets rituels tels que cloches, chiffons et miroirs. Parmi ces déguisements figure les bois de cerf, associés au dieu celte Cernunnos et symbolisant le cycle naturel comme le bois qui tombe et repousse suivant les saisons.
Période de subversion temporaire des normes
De nombreuses pratiques du carnaval sont liées au renversement de l'ordre social en particulier l'inversion des rôles de genre et des hiérarchies sociales ; cette subversion est politique, pouvant amener à la révolte populaire et source de critique du carnaval par les moralistes chrétiens et les philosophes rationalistes.
Victoire de l'ordre sur le chaos
Pour d'autres, au contraire, le désordre temporaire n'est qu'une introduction au vrai sens du carnaval, le triomphe final de l'ordre ; dans ce sens, l'anthropologue James George Frazer analyse les mannequins détruits comme une forme de bouc émissaire. Les punitions des transgressions sociales, telles que l'exposition à la risée publique des veufs remariés et des personnes adultères, abondent dans ce sens.
L’historien des religions Mircea Eliade écrit : « Toute nouvelle année est une reprise du temps à son commencement, c’est-à-dire une répétition de la cosmogonie. Les combats rituels entre deux groupes de figurants, la présence des morts, les saturnales et les orgies, sont autant d'éléments qui dénotent qu’à la fin de l’année et dans l’attente du Nouvel An se répètent les moments mythiques du passage du chaos à la cosmogonie ». Eliade souligne que les peuples ont « d’une manière profonde le besoin de se régénérer périodiquement en abolissant le temps écoulé et en réactualisant la cosmogonie ».
Dans l’essai Le Sacré et le Profane, Mircea Eliade écrit : « L'abolition du temps profane écoulé s’effectuait au moyen des rites qui signifiaient une sorte de « fin du monde ». L'extinction des feux, le retour des âmes des morts, la confusion sociale du type des saturnales, la licence érotique ou encore les orgies, etc. symbolisaient la régression du cosmos dans le chaos ».
Communication entre les mondes
Eliade écrit encore : « Alors les morts pourront revenir, car toutes les barrières entre morts et vivants sont brisées (le chaos primordial n'est-il pas réactualisé ?) et reviendront puisqu'à cet instant paradoxal le temps sera suspendu et qu'ils pourront donc être de nouveau contemporains des vivants ».
Cette fonction de temps suspendu se retrouve particulièrement dans les traditions de carnaval ayant lieu entre Noël et le 7 janvier, qui correspond au décalage entre calendriers lunaire et solaire ; le carnaval d'Ebensee, en Autriche, profite de cette période pour exposer les masques et ainsi faire communiquer monde des vivants et des morts.
Symbole identitaire local
Le renouveau des carnavals au cours du 20ème siècle s'accompagne d'une mission politique de définition de ce que sont la tradition et l'authenticité ; ainsi, les carnavals sont organisés dans le cadre d'actions institutionnelles et conçus de manière méticuleuse par des acteurs politiques.
Dans un contexte de pertes de repères identitaires, le carnaval est aussi invoqué comme technique de création de lien social, et figure ainsi au programme de comités des quartiers ou d'associations de parents d'élèves.
Représentations du carnaval
Le carnaval est un véritable topos littéraire, associé à la folie, l'inversion et la dérision et utilisé aussi bien par les romantiques que les révolutionnaires. Ainsi, on le retrouve dans La Nef des fous de Sébastien Brant, Éloge de la folie d'Érasme, les Œuvres de Rabelais ou Voyages en Suisse et en Italie de Goethe.
Films
- Carnaval de Henri Verneuil
- Orfeu Negro (film franco-brésilien, 1959) de Marcel Camus
- Carnaval de Ronny Coutteure
- Karnaval de Thomas Vincent
Voir aussi
Bibliographie
- Laurent Sébastien Fournier et Muriel Barbier, Carnavals, Lyon, Fage Editions, , 159 p. (ISBN 978-2-84975-645-4, OCLC 1241074633, BNF 46663674)
- Marie-Pascale Mallé, Christian Bromberger, Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée à Marseille et Musée international du carnaval et du masque, Le monde à l'envers : carnavals et mascarades d'Europe et de Méditerranée, (ISBN 978-2-08-133195-2 et 2-08-133195-0, OCLC 879572961, lire en ligne)
- Giampaolo di Cocco (2007) Alle origini del Carnevale
- Daniel Fabre et Jacques Lacroix, Carnaval, ou La fête à l'envers, Paris, Gallimard, 1992.
- Jacques Dubois, « Carnaval : fête, révolte, spectacle. Pour une histoire », Études françaises, volume 15, numéro 1-2, avril 1979, p. 15-34 (lire en ligne).
- Martine Grinberg, « Carnaval et société urbaine XIVe-XVIe siècles : le royaume dans la ville », Ethnologie française, volume 4, 1974, p. 215-244.
Articles connexes
- Carnavals par pays
- Liste des principaux carnavals
- Carnaval de Notting-Hill
- Carnaval de Rio
- Carnaval de Binche
- Carnaval de Dunkerque
- Carnaval de Nice
- Carnaval de Guadeloupe
- Carnaval de Québec
- Société festive et carnavalesque
- Confetti, Serpentin, Langue de belle-mère (accessoire) ou sans-gêne ou mirliton
- Carnaval des femmes
- Défilé de carnaval
- Mardi gras
- Mascarade, Masque, Habillement de Carnaval (de)
- Traditions alpines préchrétiennes, Fastnacht souabe et alémanique
- Bal paré-masqué
- Humour carnavalesque
- Liste de créatures du petit peuple
- Livre de nez
- Fête des Fous, Masque de honte, Klapperstein
- Charivari (rituel)
- Carnavalesque
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) Grove Art Online
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Informations lexicographiques et étymologiques de « carnaval » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
Conférences en ligne
- La musique carnavalesque en Guyane, Christian Médus, 2014.
- Traditions festives dans le monde Hispanique : Le Carnaval El entierro de la Sardina, Raphaël Confiant, Paula Bertin-Elisabeth Fernandez, 2016